Être au chômage, c'est se la couler douce !?

(Article inspiré par Délit de Faciès : "Tu as la belle vie toi, tu es au chômage")

Pour la majorité des gens qui cherchent un emploi, on est loin, bien loin, de ce préjugé qui a cours dans le monde des actifs. Pour eux, nous n'avons rien à faire de nos journées et ne sont pas rares les amis qui balayent les choses qu'ils n'ont pas l'envie le temps de faire en vous les refilant. "Ben oui, t'as le temps toi, non ?"

Du temps, ça oui, on en a... Une fois les annonces épluchées, des entreprises à qui envoyer des candidatures spontanées identifiées et les diverses tâches du quotidien effectuées, il reste du temps pour se morfondre, pour se demander pourquoi une fois encore on a pas été pris pour ce poste qui nous plaisait vraiment ou un peu moins, pour se remettre en question à mesure que le temps passe, pour monter sur les montagnes russes espoir-désespoir au fur et à mesure des envois de cv et des réponses, quand il y en a.

Et tout ça, on n'en parle pas. Jamais. Pourquoi ? Parce que les amis auraient vite fait de se lasser, c'est vrai quoi, quelqu'un qui raconte à chaque fois ses échecs, ça intéresse qui ? D'ailleurs, on ne parle jamais des monceaux de réponses négatives qu'on reçoit mais on s'enthousiasme, et on le partage, au moindre petit entretien. Peut-être aussi parce qu'à force on a honte de ce néant professionnel. Et sans doute aussi, parce que quand on voit ses amis, c'est pour se changer les idées, pour passer un bon moment, pas pour ressasser nos idées noires.

Et moi dans tout ça ? Et bien, moi, même si les remarques du type "tu es au chômage, tu n'es pas fatiguée, tu peux bien le faire" me saoulent et m'énervent, je reprends rarement les gens, je n'explique pas ce que je vis et ressens. Incompréhension des autres donc, vu qu'il y a un manque de communication. Comment pourraient-ils savoir si je ne dis rien ? Si j'encaisse chaque pique, chaque coup presque, sans broncher ? Même ici, je parle peu de "ça", alors... 

De manière générale, je suis heureusement quelqu'un qui passe rapidement au-dessus de ce genre de choses et puis je sais aussi que ce n'est pas de la condescendance, qu'il ne s'agit pas de me rabaisser avec ces petites remarques mais juste une méconnaissance du vécu d'un chercheur d'emploi. Et puis, il faut dire aussi qu'elles ne sont pas si nombreuses que ça. Reste que parfois, selon le moment, mon état psychique, ces quelques mots auront un impact plus ou moins grand, me blesseront plus ou moins profondément. Mais il suffirait sans doute de quelques mots pour que les gens y soient plus attentifs...